Voici le seizième article de notre série « Paroles d’expat ». Découvrez l’expatriation de Claire installée à Penicuik (proche d’Edimbourg) avec son fiancé et ses deux garçons depuis 2016.
Présente-toi en quelques mots
Je m’appelle Claire, j’ai 38 ans et je viens de Lyon. Actuellement, je vis à Penicuik, une petite ville près des Pentlands, juste à la lisière d’Édimbourg, avec mon fiancé et nos deux garçons de 3 et 4 ans. Je me suis expatriée en 2016.
Aujourd’hui, je travaille en tant qu’administratrice de régime de retraite. Et j’espère bientôt pouvoir vivre des boucles d’oreilles que je fabrique.
Comment est né ton projet d’expatriation en Ecosse ?
C’est une histoire à la fois folle et simple : une histoire d’amour. Pendant près de 10 ans, ma vie à Lyon était bien rangée. J’avais un appartement sympa, des amis, une équipe de volley, et je travaillais dans l’entreprise familiale de velours depuis des annees. J’aimais ma routine,et j’étais plutôt réticente à l’idée de changer (ironie, n’est-ce pas ?).
Pour donner un peu de contexte, j’avais décroché un 4/20 en géographie au bac. Ma prof d’anglais m’avait prédit que je ne parlerais jamais cette langue..
Puis un jour, mon amie Hélène me propose d’aller en Écosse pour revoir un ancien ami scout. Étant disponible, je me dis : pourquoi pas ?. Ayant absolument aucune idee ou l’Ecosse se situait dans le royaume uni. En avril 2015, nous voilà en route. Avant l’embarquement, Hélène me glisse qu’elle aime bien ce garçon, Simon, et que je pourrais jouer les entremetteuses. Une fois arrivées, après un atterrissage mouvementé, nous rencontrons Simon. Sur le moment, je ne comprends pas ce qu’Hélène lui trouve.
Nous passons 5 jours à Édimbourg. Je tombe amoureuse de la ville, sa lumière, son ambiance, mais malgré mes efforts pour laisser de l’espace à Hélène et Simon, rien ne se passe. À la fin du séjour, elle me dit que Simon semble m’apprécier et qu’elle s’intéresse maintenant à son coloc. Comme je ne suis pas douée pour ces choses-là, je ne m’en rends pas compte..
Une fois rentrées en France on commence a se parler via messenger avec Simon (et surtout via google translate hein on va pas se mentir) nuit et jour. Je suis réticente à l’idée d’une relation à distance, mais je sens quelque chose de spécial. Cette année-là, j’ai perdu ma grand-mère, ce qui m’a fait réaliser que si je ne sors pas de ma bulle, je ne vivrai rien.
Finalement, après de nombreuses heures de discussions passionnantes, nous décidons de nous revoir pour voir où cela pourrait mener. C’est là que notre histoire commence.
Après de très nombreux mois d’allers-retours entre l’Écosse pour moi et la France pour lui, je commence à me poser des questions. À quoi bon faire tout ça si on n’est pas prêts à s’engager vraiment ? Quelles sont les solutions ? Le constat est simple : ma vie est agréable, mais à presque 30 ans, j’ai l’impression d’être coincée dans un train-train quotidien. Certains appellent ça la crise de la trentaine, n’est-ce pas ? Simon a un bon travail, il est propriétaire de son appartement, et il ne parle pas français. Hop, la décision est prise.
Pour être tout à fait honnête, j’ai noté tous les pour et les contre sur des post-it que j’ai collés sur le mur de mon salon. Ensuite, j’ai pris ma décision..
Comment se sont déroulés les préparatifs ?
Les préparatifs n’ont pas été faciles. Quitter mon équipe de volley, mon petit confort, et surtout annoncer à mon père que j’allais partir vivre à l’étranger, alors que j’etais la seule des 3 enfants a travailler dans l’entreprise familiale. Ca a été un vrai défi. Heureusement, ma famille m’a toujours soutenue dans mes décisions, ce qui a beaucoup aidé. J’ai passé quelques mois chez ma mère pour bien clore ce chapitre. Pour mes 30 ans, j’ai organisé une grande fête d’anniversaire et de départ avec tous mes proches.
Après la fête, nous sommes montés avec Simon à Édimbourg avec une camionnette louée et tout mon bazar. J’ai eu la chance de ne pas avoir à chercher un appartement, car Simon en avait déjà un. Cependant, commencer une vie en couple dans une colocation avec trois Écossais n’a pas été évident. Surtout avec mon anglais qui laissait à désirer. J’ai fait du bénévolat dans un charity shop pendant presque un an pour améliorer ma langue. En parallèle, j’ai pris des cours avec une association. (Mon niveau d’anglais était toujours pas top, et ma confiance en moi avait été anéantie par cette “gentille” prof d’anglais…) Vivre avec trois Écossais m’a vraiment aidée à progresser.
Concernant le travail, il était assez facile de trouver un emploi tant que je n’etais pas trop compliquee. J’espérais retrouver quelque chose dans ma branche (j’étais styliste). Malheureusement, je n’ai jamais réussi et je me suis retrouvée à vendre des séjours sur mesure en Écosse aux Français.
Qu’est-ce qui t’a le plus surpris en vivant en Ecosse par rapport à la France ?
Ce qui m’a le plus surpris en vivant à l’étranger par rapport à la France, c’est à quel point les démarches administratives sont beaucoup plus simples ici. Je suppose que le passeport français a bien aidé à l’époque. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est la bienveillance des Écossais et ce sentiment de sécurité. En huit ans, j’ai jamais ete suivie ou sifflee. Il y a une vraie liberté ici : les filles portent des jupes très courtes, les gens font leurs courses en pyjama. Et j’ai découvert un éventail de couleurs de cheveux incroyable. Il n’y a pas ce genre de jugements que l’on peut rencontrer en France (et, soyons honnêtes, en tant que Française, j’en ai souvent été coupable).
Quels sont les éléments de la vie française qui te manquent le plus et ceux dont tu te passes le mieux ?
Ce qui me manque le plus de la vie française, c’est le soleil et le goût des fruits et légumes. Ici, presque tous les fruits et légumes sont importés et souvent sous plastique. On trouve des melons et des clémentines toute l’année, mais ils manquent cruellement de saveur. La diversité des aliments et les supermarchés français me manquent énormément.
J’éprouve également un grand manque du système de santé français. Malheureusement, ici, on se concentre souvent sur les symptômes sans vraiment chercher les causes, et la prévention est quasiment inexistante. C’est frustrant de devoir se battre pour des soins qui seraient immédiatement traités en France, où l’on s’efforcerait au moins de trouver une solution.
Ce don’t je me passe le mieux: La chaleur et les Français.
As-tu un dernier conseil ou une anecdote à partager avec les lecteurs qui envisagent de s’expatrier ?
Aujourd’hui, j’ai une vie à laquelle je n’aurais jamais cru rêver il y a 10 ans. J’ai traversé des difficultés, enchaîné environ 8 boulots en 8 ans (sans compter le temps où je n’ai pas travaillé pendant le COVID), mais je suis plus heureuse que je ne l’ai jamais été.
J’ai enfin trouvé un emploi qui me convient, dans une entreprise où tout le monde parle anglais. Je me souviens qu’en arrivant en 2016, il me semblait impensable d’occuper ce genre de poste. Je suis désormais bilingue, et mes deux enfants le sont aussi. Spéciale dédicace a ma prof d’anglais au college…
Vous pouvez suivre les aventures de Claire sur Instagram et acheter ses boucles d’oreilles sur son Etsy.
J’espère que vous avez aimé ce témoignage. N’hésitez pas à laisser un commentaire.
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